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Auteur : roy_na

De meilleures batteries lithium-ion pour l’environnement

Par Laurence Savignac
22 avril 2020

À l’occasion du 50e anniversaire du Jour de la Terre, Laurence Savignac, étudiante au doctorat en chimie sous la direction du professeur Steen Schougaard, nous parle de la recherche visant à développer des batteries lithium-ion plus performantes pour le bien de l’environnement.


Laurence Savignac est étudiante au doctorat en chimie à l’UQAM, sous la direction du professeur Steen Schougaard. Ses recherches portent sur l’amélioration des batteries lithium-ion.

L’agriculture urbaine, un outil pour transformer la ville

Par Éric Duchemin
22 avril 2020

Directeur scientifique du Laboratoire sur l’agriculture urbaine (AU/LAB) et professeur associé à l’Institut des sciences de l’environnement de l’UQAM, Éric Duchemin nous parle de l’agriculture urbaine comme outil collectif de transformation des villes. Un outil pour favoriser notamment une alimentation saine, la biodiversité et le verdissement.


Éric Duchemin est directeur scientifique du Laboratoire sur l’agriculture urbaine (AU/LAB) et professeur associé à l’Institut des sciences de l’environnement de l’UQAM.

Quelques mythes et réalités en lien avec la réponse des forêts québécoises aux changements climatiques

Par Daniel Kneeshaw
22 avril 2020

Forêt en hiver
Image par Evgeny Borovskoi de Pixabay

Les changements climatiques, qui devraient être plus importants dans les écosystèmes de haute latitude, bouleverseront nos forêts dans les années à venir.  Les menaces viendront de plusieurs fronts : une augmentation des feux de forêt, des épidémies d’insectes potentiellement plus sévères, ainsi qu’une augmentation des sécheresses et coups de chaleur.  Ailleurs dans le monde, on voit déjà des signes inquiétants : les grands feux en Australie, en Californie et en Alberta, les épidémies d’insectes qui se rendent sur des territoires épargnés dans le passé (comme le dendroctone du pin qui a traversé les Rocheuses vers l’est), et les centaines de millions d’arbres morts à cause des sécheresses en Californie, au Texas, en Chine, en Europe et même dans les forêts tropicales humides de l’Amazonie et du nord de l’Australie.

Au Québec, on peut se demander, surtout en raison des nombreuses communautés dépendantes de la foresterie en région : qu’est-ce que l’avenir réserve pour nos forêts? Déjà, les années 2000-2019 ont été parmi les plus chaudes et les plus sèches du dernier siècle. La réponse de nos forêts à ces changements pourrait nous donner des indices quant aux changements de l’avenir. Nous pouvons nous demander si la croissance de nos forêts diminuera et si la mortalité augmentera avec un assèchement tel que celui observé ailleurs dans le monde.

Mythe 1 : L’assèchement climatique sera néfaste pour toutes les forêts.

Pour répondre à cette question, nous avons utilisé la dendrochronologie, l’étude des cernes de croissance d’un arbre dominant et emblématique de la forêt boréale: l’épinette noire.  Grâce au travail des techniciens du Ministère des forêts, de la faune et des parcs nous avons réussi à analyser presque 27000 séries de cernes de croissance prélevés auprès d’épinettes noires dans un territoire de plus de 580 000 km2, pour tester l’hypothèse que la croissance diminuera lors des périodes sèches.  Nos analyses ont montré que dans le sud-ouest du Québec, l’eau au sol a été fortement corrélée à la croissance des tiges des épinettes noires qui s’y retrouvaient.  Cependant, on a observé le contraire au nord-est de la forêt boréale québécoise. Dans cette région, les arbres ont moins poussé quand l’eau du printemps était abondante. Les meilleures croissances ont été observées lors des années sèches au printemps. La grande quantité de neige qui tombe l’hiver au Québec, plus de 6 mètres dans plusieurs endroits, et la fonte tardive, font que les sols sont gelés et par la suite imbibés d’eau jusqu’à la fin mai, voire jusqu’au début de juin.  Ces sols froids et humides, qui empêchent la croissance des arbres et donc un réchauffement et un assèchement au printemps, seraient potentiellement bénéfiques pour la croissance des arbres dans le nord-est du Québec même si le contraire est vrai dans le sud-ouest du Québec et dans d’autres régions chaudes et sèches comme l’Ouest canadien.  Donc « trop d’eau, c’est comme pas assez » quand on considère la croissance des arbres au printemps.

Mythe 2 : Les traits (caractéristiques) d’une espèce déterminent sa vulnérabilité à la sécheresse.

Nous avons donc décidé de confronter nos opinions avec les données pour évaluer la résistance des espèces boréales aux sécheresses au Québec.

Nous avons remarqué aussi que les observations et trouvailles d’ailleurs ne s’appliquent pas toujours bien chez nous. Dans l’Ouest canadien, des chercheurs étudiant les traits fonctionnels des arbres ont proposé une échelle de résistance des arbres de la forêt boréale canadienne à la sécheresse. Selon leur proposition, les arbres comme le peuplier faux-tremble seraient très vulnérables à la sécheresse. Nos observations au Québec nous ont amenés à questionner ceci.  Nous avons donc décidé de confronter nos opinions avec les données pour évaluer la résistance des espèces boréales aux sécheresses au Québec. Pour ce faire, nous avons regardé des milliers de placettes de suivi de l’état vivant ou mort des différentes espèces d’arbres au Québec de 1970 à 2010.  Nous avons observé une mortalité accrue des espèces comme le bouleau blanc et le sapin baumier durant cette période dont la mortalité a été reliée aux indices de climat (augmentation de chaleur et diminution de précipitations). En contraste partiel aux résultats de l’Ouest canadien, deux espèces boréales se sont montrées très résistantes aux sécheresses : le peuplier faux-tremble (classé peu résistant) et le pin gris (classé très résistant). Notre analyse de cinquante ans de données de mortalité et de survie au Québec montre ainsi que les conclusions tirées d’ailleurs sur la réponse des arbres aux sécheresses devraient être validées au Québec. 

Mythe 3 :  Les mécanismes de résistance des régions déjà soumises aux stress hydriques seraient les mêmes au Québec.

Plusieurs arbres des régions sèches, les espèces dites iso-hydriques, ferment leurs stomates lors d’une sécheresse pour réduire la perte d’eau et minimiser la rupture des colonnes d’eau nécessaires pour le transport d’eau des racines vers des feuilles. La cavitation ou l’embolisme dans une colonne d’eau, si répandu dans plusieurs vaisseaux (tuyaux) dans un arbre, peut mener à sa mort. La stratégie de fermer les stomates lors des moments secs peut protéger un arbre. Cependant, si les stomates sont fermés trop longtemps, un arbre peut « mourir de faim » en raison de l’arrêt de la photosynthèse et du manque de production de glucides.

Dans les serres de l’UQAM, nous avons fait subir à des semis de pin gris, un gradient de stress hydrique…

Dans les régions sèches, les pins sont considérés résistants aux sécheresses grâce à leur capacité à fermer leurs stomates et donc à prévenir la perte d’eau lors d’une période sèche. Nous avons proposé que nos pins au Québec, souvent associés aux milieux secs, utiliseraient la même stratégie pour être résistants aux sécheresses. Dans les serres de l’UQAM, nous avons fait subir à des semis (jeunes arbres) de pin gris, un gradient de stress hydrique, avec l’attente que la photosynthèse et la croissance diminueraient avec une réduction d’eau disponible. Les conditions contrôlées des serres nous ont permis de tester précisément les quantités d’eau et de chaleur reçues par chaque arbre. En contraste avec d’autres espèces évaluées lors de cette expérience, nous n’avons pas observé un changement de photosynthèse ou de croissance chez le pin gris, comme nous nous attendions.  Comment donc est-ce que le pin gris peut si bien croître dans les milieux secs si ses stomates semblent rester ouverts pour permettre la photosynthèse et la croissance?  Nous avons supposé que la phénologie (le « timing » ou moment) du début de croissance pourrait s’avérer être la solution. Effectivement, nos observations montrent que le pin gris commence à pousser rapidement après la fonte des neiges, en fait deux à quatre semaines plus tôt que d’autres espèces boréales. Cette croissance hâtive permettrait au pin gris d’éviter un manque d’eau qui pourrait arriver plus tard dans la saison. L’adaptation du pin gris à l’hiver et à la neige permettrait à cette espèce d’employer des stratégies différentes de ses consœurs des pays sans neige.

Ces trois exemples, montrent que certains exemples des travaux de la Chaire stratégique de l’UQAM sur les vulnérabilités et la résilience des arbres aux changements climatiques.


Daniel Kneeshaw est professeur au Département des sciences biologiques de l’UQAM et titulaire de la Chaire de recherche sur la résilience et les vulnérabilités des forêts tempérée et boréale aux changements climatiques de l’UQAM.

Prendre soin de la Terre et de notre climat, c’est prendre soin de nous tous

Par Philippe Gachon
22 avril 2020

Image par Tumisu de Pixabay

En cette période de pandémie planétaire et de réduction momentanée des émissions de gaz à effet de serre (GES), due au ralentissement de l’activité économique en raison du confinement, force est de constater que notre planète Terre respire temporairement un peu mieux, la qualité de l’air et de l’eau bénéficiant d’une diminution des activités humaines alors que les animaux se réapproprient des milieux de vie laissés vacants par l’être humain. Cette réduction de notre empreinte écologique ne peut être que malheureusement temporaire, jusqu’à ce que nous retrouvions nos habitudes antérieures d’avant la pandémie. Mais est-ce inéluctable, soit un fait acquis de recommencer comme avant? Quelles leçons apprises pouvons-nous tirer de cette situation ?

Cette pause ou cette décroissance économique et le ralentissement de nos activités humaines ne constitueraient-ils pas là une opportunité pour repenser notre développement…

Alors que le monde entier se prépare au dé-confinement et à la reprise des activités économiques, n’y a-t-il pas là une occasion unique de revoir nos pratiques et de trouver des solutions sur le long terme, afin de réduire notre empreinte écologique et nos émissions de GES de façon durable? Cette pause ou cette décroissance économique et le ralentissement de nos activités humaines ne constitueraient-ils pas là une opportunité pour repenser notre développement, et enfin respecter collectivement les objectifs de réduction des émissions de GES que l’Accord de Paris a établi et que le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) réclame à grands cris? Nous sommes de plus en plus nombreux à y songer.

Une fois passée cette période de pandémie, le monde se réveillera avec un énorme mal de tête, soit un lendemain de veille désastreux, avec beaucoup de maux à panser ou de chocs post-traumatiques et de stress psychologiques à soigner, sans compter les décès malheureux qui affligent et affligeront bon nombre de populations sur Terre. L’urgence climatique, elle, sera toujours présente, avec son lot de conséquences reliées au réchauffement qui prend d’année en année une ampleur et une rapidité inégalées, c’est un fait n’en déplaise aux climatosceptiques. Rappelons ici quelques faits basés sur des données probantes (notamment les rapports récents du GIEC et de l’Organisation Météorologique Mondiale, pour ne citer que ceux-ci) :

  • Au cours des 800 000 dernières années (avant 1750), la concentration de CO2 atmosphérique n’a jamais dépassé les 300 ppm (partie par millions). Or, en seulement 170 ans (entre 1850 et 2019), cette concentration est passée de 270 ppm à plus de 410 ppm soit une augmentation de 52% environ. Cette augmentation aussi rapide n’a sans doute jamais été observée sur Terre (en tout cas pas depuis l’ère des dinosaures);
  • Dans le même temps, le climat de la Terre s’est réchauffé de plus de 1,1°C (en moyenne annuelle sur tout le globe), et le système climatique atteindra très bientôt un point de bascule (taux de réchauffement inégalée depuis la fin de la dernière glaciation il y a 20 000 ans);
  • Au cours des sept dernières décennies, le Canada a connu un réchauffement deux fois plus important que la tendance mondiale, et trois fois plus important dans le Nord (> 60°N);
  • L’accélération du cycle hydrologique planétaire associée à la hausse des températures accroît la probabilité d’occurrence et d’intensité des extrêmes hydrométéorologiques:
    • Les catastrophes causées par les aléas hydrométéorologiques et les dangers liés à l’eau sont en hausse dans le monde entier, durant cette phase de réchauffement qui s’accélère à l’échelle globale au cours des 4 dernières décennies;
    • Les risques les plus fréquents à l’échelle globale : Tempêtes et inondations représentaient 79 % du nombre total de catastrophes naturelles et ont causé 54 % des décès et 84 % des pertes économiques (à l’échelle globale). Au Canada, les inondations sont les risques naturels les plus fréquents et au Québec, ces événements affectent directement et indirectement 80 % des municipalités, y compris les communautés autochtones, et sont responsables des dommages les plus coûteux;
  • Le réchauffement au cours des prochaines décennies devrait dépasser les 1,5°C voire les 2°C, au fur et à mesure que l’on s’éloigne des objectifs de l’Accord de Paris, et que les GES continuent d’augmenter (comme avant la pandémie), alors que l’on devrait dès cette année commencer à stabiliser voire à diminuer nos émissions de GES;
  • Parmi les motifs de préoccupations majeures pour le Canada et le Québec :
    • Le Canada et le Québec subiront un des plus forts réchauffements du globe dans le futur, ce qui augmentera d’autant la probabilité d’occurrence voire l’intensité des aléas hydrométéorologiques comme les inondations, les incendies de forêt, l’alternance de sécheresses et de précipitations intenses;
    • Les zones côtières actuellement touchées par les inondations et l’érosion côtière continueront d’être affectées en raison de l’augmentation du niveau de la mer, même en l’absence de changements d’autres facteurs.

Face à cette situation et à ces motifs de préoccupations, il y a urgence d’agir afin de trouver collectivement des solutions viables et pérennes face aux risques climatiques dont les conséquences délétères pourraient s’accroître, notamment en raison des bouleversements majeurs du climat, à la fois irréversibles et de plus en plus rapides. Ceci c’est sans compter la croissance démographique qui exposera de plus en plus de personnes à ces bouleversements climatiques et environnementaux.

Dans le domaine de l’urgence climatique, la science peut également offrir plusieurs retombées cruciales

Comme vient sans conteste de le prouver la situation et l’urgence pandémique actuelle, le recours systématique à la recherche scientifique pour trouver les remèdes aux effets du COVID-19 et les moyens de le prévenir (ex. : vaccins) s’avère essentiel. Dans le domaine de l’urgence climatique, la science peut également offrir plusieurs retombées cruciales, notamment permettre d’établir un portrait objectif et un suivi de la situation, surtout afin de développer les stratégies d’adaptation et de résilience qui doivent impérativement reposer sur les connaissances scientifiques les plus à jour, et non pas sur des hypothèses. L’expertise intersectorielle et la connaissance des risques sont devenues de plus en plus essentielles, afin notamment de faciliter l’assistance à la planification, notamment avant et durant un événement majeur (que ce soit de nature climatique ou épidémiologique). La recherche universitaire peut également largement contribuer à la sensibilisation, la prévention et la préparation, aider à l’intervention et supporter le rétablissement (ex. : recouvrement et suivi psychosocial des personnes les plus vulnérables et des sinistrés).

En définitive, une évaluation continue des conséquences des aléas et des désastres d’origine climatique, et plus généralement naturelle, devrait nous permettre de bâtir ensemble, une société plus juste et équitable, plus solidaire et plus respectueuse de notre environnement dont nous dépendons toutes et tous. Aidons-nous collectivement à réduire notre empreinte écologique sur notre environnement, et prenez soin de la Terre et de notre climat, car ultimement c’est de prendre soin de nous tous qu’il s’agit !


Philippe Gachon est professeur au Département de Géographie de l’UQAM, directeur du Centre pour l’Étude et la Simulation du Climat à l’Échelle Régionale (ESCER) et directeur général du RIISQ (Réseau Inondations InterSectoriel du Québec).

Trois réflexions et gestes concrets pour le bien de l’environnement

Par Tanya Handa
22 avril 2020

Afin de souligner le Jour de la Terre, j’avais envie de partager avec vous trois réflexions et exemples de gestes concrets que vous pouvez faire à la maison dans le contexte particulier que nous vivons actuellement.

Réflexion 1
On parle beaucoup de la sécurité alimentaire ces jours-ci. Celle-ci concerne notre nourriture, de la chaîne d’approvisionnement jusqu’à nos maisons, en passant par son transport. À l’UQAM, plusieurs de nos expertes et experts en sciences de l’environnement travaillent sur ces thématiques: les grands enjeux agroalimentaires, les systèmes alimentaires alternatifs et l’agriculture urbaine, par exemple.

Geste   1
Voici un premier geste simple que vous pouvez poser:
Pensez à vos habitudes de consommation alimentaire et renseignez-vous sur les conséquences de vos choix afin qu’on puisse favoriser ensemble la transition écologiqueSi vous pouvez faire un changement dans vos habitudes pour manger de façon plus durable, faites-le!

Réflexion 2
En ce temps de confinement, la marche ou la course à pied pour faire un peu d’exercice est devenue un moment sacré pour beaucoup d’entre nous… C’est un moment où l’on apprécie encore plus nos infrastructures naturelles comme les parcs ou les aménagements verts en ville. Nous sommes plusieurs expertes et experts à l’UQAM qui travaillons sur cette biodiversité qui vit dans nos forêts et ruisseaux urbains! Saviez-vous que pour maintenir une résilience des écosystèmes, incluant ceux en milieu urbain, on cherche à favoriser une diversité d’espèces et une diversité des structures? C’est le même principe qu’avec vos portefeuilles d’investissement: la diversité amène de la résilience face aux perturbations.

Geste 2
Voici un deuxième geste pour la biodiversité:
Si vous profitez du temps à la maison pour travailler dans votre jardin ou pour aménager votre balcon, pensez à diversifier les espèces que vous plantez et même à diversifier les maisons potentielles (qu’on nomme l’habitat) pour la biodiversité.Par exemple, vous pouvez penser à garder quelques feuilles ou branches mortes de l’automne dernier pour donner un refuge aux invertébrés qui ont besoin d’un lieu sécuritaire pour se reproduire ce printemps. Vous pouvez faire pousser des plantes de hauteurs différentes pour diversifier les strates verticales. Tous ces petits gestes peuvent aider à soutenir une plus grande diversité d’organismes dans nos milieux de vie.

Réflexion 3
Vous n’avez pas de jardin ni de balcon ou simplement pas le pouce vert? Pas grave! Vous avez comme moi un jeune enfant à la maison? Eh bien, inspirez-vous des travaux des expertes et experts en éducation relative à l’environnement de l’UQAM.

Geste 3
Voici un troisième geste que vous pouvez faire:
Observer la nature… surtout avec vos enfants! Avec les écoles primaires fermées, beaucoup d’entre nous ont de jeunes enfants curieux à la maison qui ont une capacité d’observation extraordinaire et une soif pour catégoriser et nommer les choses. Prenez le temps, pendant vos périodes d’activité physique dehors avec vos enfants, d’observer la nature et le printemps qui se réveille. Apprenez les noms des plantes, des oiseaux… et même des «bibittes»! On dit qu’on protège ce qu’on connaît. Donc, aider nos enfants à connaître la biodiversité est un geste important pour les amener à la protéger.

Sur ce, je vous souhaite un bon Jour de la Terre. Bonne santé à vous, à vos proches… et à notre biodiversité.


Tanya Handa est professeure au Département des sciences biologiques de l’UQAM, directrice du programme de maîtrise en sciences de l’environnement et maman d’un enfant qui fréquente normalement la maternelle.

Du premier rapport du GIEC à aujourd’hui : des confirmations, mais aussi de nouvelles inquiétudes sur la fonte des grandes calottes glaciaires

Par Anne de Vernal
22 avril 2020

Le Programme International Géosphère-Biosphère a été inauguré en 1987, date dont je me souviens, car je signais mon premier contrat à l’UQAM comme attachée de recherche du CRSNG. Peu après, le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) a été formé et son premier rapport a fait l’objet de publication en 1992. Cela fait donc une trentaine d’années que la collectivité scientifique partage des préoccupations concernant l’environnement et le climat en raison d’activités industrielles croissantes. Les prévisions du premier rapport du GIEC se sont avérées globalement assez exactes (voir figure ci-dessous).

Figure modifiée à partir d’extraits du premier rapport du GIEC publié en 1992. Les tiretés rouges indiquent l’année 2020 avec des pronostics très près de la réalité en 2020, soi plus de 410 ppmv de CO2 atmosphérique, un réchauffement d’environ 1°C depuis 1950 et une remontée du niveau de la mer global d’environ 10 cm depuis 1980 (voir par ex. https://climate.nasa.gov/vital-signs/).

La communauté scientifique internationale participant aux travaux du GIEC inclut maintenant des milliers de chercheurs. Elle prépare son 6e rapport. Celui-ci sera exhaustif, reposera sur une littérature scientifique volumineuse ainsi que sur des simulations numériques complexes. Les pronostics, dans leur ensemble, seront semblables à ceux des rapports précédents. Toutefois, les changements en cours sont d’une telle ampleur qu’il est maintenant nécessaire de prendre en compte des processus à long terme caractérisant l’histoire géologique de la Terre; parmi ceux-ci: la dynamique des grandes calottes glaciaires, considérées assez stables jusqu’à récemment, et donc initialement perçues comme un élément secondaire de l’évolution du climat et du niveau de la mer globaux au cours des prochaines décennies. Or, les observations satellitaires révèlent que les calottes de glace du Groenland et de l’Antarctique ont débuté leur déclin sous l’effet du réchauffement climatique. Leur fonte totale entraînerait une élévation globale moyenne du niveau de la mer d’environ 66 mètres, soit 7 mètres provenant de la calotte groenlandaise, et plus de 58 mètres, de la calotte antarctique.

La question qui se pose n’est plus de savoir si les calottes glaciaires vont disparaître, mais à quelle vitesse elles le feront…

Un seuil critique a été franchi et la tendance est maintenant irréversible. La question qui se pose n’est plus de savoir si les calottes glaciaires vont disparaître, mais à quelle vitesse elles le feront, et quels en seront les effets sur le volume de l’océan et sur la croûte terrestre. Celle-ci sera affectée par l’allègement des continents antérieurement englacés et l’enfoncement des régions océaniques alourdies par l’augmentation du volume océanique. Les conséquences sur le niveau relatif de la mer et sur les marges continentales et écosystèmes côtiers seront considérables et affecteront les prochaines générations de façon irréversible. Il s’agit de grandes questions auxquelles les spécialistes du système terrestre s’efforcent de répondre en utilisant les archives géologiques.   


Anne de Vernal est professeure au Département des sciences de la Terre et de l’atmosphère de l’UQAM, spécialiste en paléoclimatologie.

La santé des Québécoises et des Québécois, liée pour longtemps au changement climatique

Par Paquito Bernard
22 avril 2020

On le sait depuis plus de 30 ans, les conséquences du changement climatique sont intimement liées à notre santé physique et mentale. Pourtant, les 10 pays les plus émetteurs de gaz à effet de serre (dont le Canada) continuent d’augmenter leurs émissions. Face à l’urgence climatique, nous devons minimalement diviser par quatre nos émissions pour limiter l’augmentation à deux degrés.

Dans le domaine de la santé, nous parlons aujourd’hui de « santé planétaire ». Plus l’accès à l’eau potable, à un air sain, à des milieux naturels protégés diminue, plus les risques pour notre santé sont élevés, voire irréversibles.

Le changement climatique touche notre santé via : les désastres naturels, les vagues de chaleur, les inondations, la qualité de l’eau détériorée, la qualité et quantité de la nourriture diminuée, l’apparition ou le développement de « nouvelles » pathologies. Or, les experts nous rappellent que ces phénomènes s’accentuent, deviennent plus fréquents et peuvent apparaître en même temps. Mais que se passe-t-il donc dans ce cas ? Les risques pour la santé sont décuplés et la vie des personnes déjà fragiles est menacée.

Les comités d’experts ajoutent aussi un autre risque majeur lié au changement climatique : les risques psychosociaux.

Les comités d’experts ajoutent aussi un autre risque majeur lié au changement climatique: les risques psychosociaux. En effet, les conséquences du changement climatique vont faire émerger des conflits sociaux, parfois violents notamment en lien avec les déplacements forcés de centaines de milliers de personnes. Par exemple, de nombreux deltas très peuplés sont amenés à disparaître progressivement avec la montée des eaux, les terres deviennent incultivables, les gens devront partir.

À la lecture de ces lignes, on pourrait imaginer que les conséquences pour la santé liées au changement climatique, sont pour les autres et dans longtemps.

Or, le Canada et le Québec vivent déjà les conséquences du changement climatique. Rappelons-nous les vagues de chaleur de 2018, 66 décès ont été attribués à cette vague dans la région de Montréal. La carte des décès nous rappelle le poids des inégalités sociales de santé, les quartiers plus défavorisés étant plus touchés. Les Montréalaises et les Montréalais aux prises avec un trouble mental sévère, une maladie chronique ou isolés socialement décédaient plus. On pourrait ajouter à cela d’autres exemples locaux. Ainsi, la précarité sanitaire des communautés autochtones canadiennes croît. La montée des eaux, les modifications des saisons entraînent, pour eux, une série de nouveaux problèmes de santé mentale ou de suffisance alimentaire.

Pour résumer, si nous continuons sur la voie actuelle à nourrir le changement climatique par nos émissions, notre utilisation des terres arables, l’accentuation de la pression sur la biodiversité, la santé des enfants qui naissent aujourd’hui est très compromise.

Quoi faire ? La manifestation pour le climat de septembre dernier, nous laisse penser que les Québécoises et Québécois ont pris conscience de l’urgence climatique. Cependant, nous ne savons pas si la population générale comprend le lien entre la non-réduction des gaz à effet de serre et les risques pour leur santé présente et future. En d’autres termes, avoir une alimentation riche en protéine animale, utiliser quotidiennement une voiture, ou voyager fréquemment en avion ont des conséquences néfastes (in)directes sur leur santé.

Les décideurs politiques semblent ne pas avoir pris conscience de l’urgence climatique actuelle et du péril pour notre santé physique et mentale. Ainsi, tergiverser sur la réduction drastique de l’usage de la voiture en ville, ne pas légiférer sur le développement de l’étalement urbain, freiner les projets de transport en commun dans une ville ou une région, favoriser le développement du transport aérien par l’accroissement d’aéroports, ne pas favoriser économiquement l’alimentation locale, accentuer la bétonisation d’espaces urbains, c’est nourrir le changement climatique et mettre à risque la santé des personnes fragiles d’aujourd’hui et des enfants de demain.


Paquito Bernard est professeur au Département des sciences de l’activité physique de l’UQAM et chercheur régulier au Centre de recherche de l’Institut Universitaire en Santé Mentale de Montréal. Ses recherches portent sur les liens entre l’activité physique et la santé mentale.

Les appareils scientifiques, ça se recycle?

Par Jean-François Hélie
22 avril 2020

Spectromètres de masse à ratio isotopiques (IRMS) qui permet de mesurer les ratios d’isotopes stables du carbone, de l’hydrogène, de l’azote, de l’oxygène et du soufre dans presque n’importe quel matériel naturel ou artificiel. On utilise la composition isotopique des objets pour retracer leur origine ou bien les processus physique et chimiques qu’ils ont subis.

Oui! Les appareils scientifiques, ça se recycle, au même titre que vos appareils électroniques domestiques (les fameux « serpuariens » https://lesserpuariens.com/) ou bien la ferraille que vous allez porter à votre écocentre local.

Cependant, il faut savoir que ces instruments à la fine pointe de la technologie tels que spectromètres de masse ou microscopes à balayage électronique demandent beaucoup d’efforts à acquérir et sont souvent très coûteux (des centaines de milliers voire même plusieurs millions de dollars). En effet, les demandes de subventions qui permettent d’acquérir ces instruments peuvent prendre des mois à remplir… si vous trouvez que faire votre rapport d’impôt c’est long, imaginez prévoir une dépense de 3 millions de dollars! Ainsi, le personnel de soutien déploie beaucoup d’efforts pour les maintenir opérationnels le plus longtemps possible.

Les petits instruments courant comme les pH-mètres ou les balances qui ont une durée de vie plus courte sont recyclés avec les petits équipements électroniques. Mais tout comme une bonne voiture bien entretenue, les instruments scientifiques peuvent être utiles 10, 20 ou même 30 ans. Dans certains cas, l’instrument n’est tout simplement plus assez performant pour les besoins de la recherche.

Il y a 20 ans on pouvait analyser 15-20 échantillons par jour dans le laboratoire d’analyse des isotopes stables; aujourd’hui, ce sont 200 à 300 échantillons! L’instrument désuet, mais fonctionnel sera alors donné ou vendu pour être utilisé à d’autres fins que la recherche; pour faire du suivi environnemental, par exemple, ou bien des analyses de routine dans une entreprise ou un OBNL. Dans d’autres cas, c’est le système d’acquisition des données qui est désuet. En effet, les logiciels d’acquisition de données des instruments sont créés sous différentes plateformes, mais sont souvent spécifiques à un système d’exploitation particulier (Win XP, par exemple). Aussi, l’ordinateur communique de différentes manières avec l’instrument, mais les ports de communication changent d’une technologie d’ordinateur à une autre (ports série, carte PCI, fibre optique, etc.). Ainsi, lorsque l’ordinateur lié à un instrument scientifique vieux de 10 ou 20 ans tombe en panne, il est souvent très difficile et coûteux de le remplacer.

Il arrive parfois que les pièces électroniques rares soient gardées et échangées avec d’autres laboratoires à travers le monde…

Lorsqu’un instrument scientifique n’est plus utilisable pour toutes ces raisons, il est démonté en ses différentes composantes et revalorisé ou recyclé. La revalorisation se fait surtout en utilisant les composantes récupérées communes à d’autres instruments du laboratoire, de la Faculté des sciences ou même d’autres universités. Dans le laboratoire d’analyse des isotopes stables, nous avions 6 spectromètres de masse à ratio isotopiques du même fabricant et de la même génération. Lorsque deux de ceux-ci ont rendu l’âme, nous avons conservé toutes les composantes qui pouvaient servir aux quatre instruments survivants. Il arrive parfois que les pièces électroniques rares soient gardées et échangées avec d’autres laboratoires à travers le monde, tout comme les pièces de voitures antiques. Les parties métalliques sont récupérées par un ferrailleur et les composantes électroniques sont récupérées par un service centralisé de l’UQAM. Ce service évalue ensuite ce qui peut être revalorisé (un ordinateur obsolète pour la recherche peut servir à quelqu’un d’autre) de ce qui peut être envoyé au recyclage électronique. Dans la majorité des cas, 100% de l’instrument scientifique peut être revalorisé ou recyclé.


Jean-François Hélie est professeur associé au Département des sciences de la Terre et de l’atmosphère de l’UQAM, et supervise le laboratoire de géochimie des isotopes stables légers du centre de recherche Geotop.

Faculté des sciences

La Faculté des sciences de l’UQAM regroupe plus de 200 professeur.e.s et plus de 200 personnes chargées de cours qui proposent une formation scientifique axée sur l’excellence et la pratique, grâce à des cours en laboratoires, des excursions sur le terrain et une formule d’enseignement par petits groupes. Située dans le Complexe des sciences Pierre-Dansereau, en plein centre-ville de Montréal, la Faculté dispose d’infrastructures spécialisées nouvellement construites et d’équipements à la fine pointe de la technologie.

Coordonnées

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201, avenue Président-Kennedy
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